Artificial light at night as a new threat to pollination (la lumière artificielle nocturne comme nouvelle menace pour la pollinisation). Tel est le titre d’un article paru dans la revue Nature en 2017 (Knop et al., 2017).
La pollution lumineuse est la pollution engendrée par l’éclairage artificiel nocturne.
Elle perturbe nos précieux pollinisateurs et a donc un impact sur la pollinisation. Pour mettre un chiffre sur ces perturbations, on estime que, dans les lieux éclairés pendant la nuit, la pollinisation nocturne diminue d’environ 60%, ce qui impacte la production de fruits malgré la présence des pollinisateurs diurnes. Il apparait même que ces effets négatifs se répercutent sur les communautés de pollinisateurs diurnes. Au-delà de la pollinisation, c’est le réseau de pollinisation (ensemble des interactions entre les plantes et les pollinisateurs) qui est perturbé.
Il a été montré dans plusieurs études que la lumière nocturne artificielle (LAN) a de nombreux effets sur les organismes et sur les populations. Les insectes pollinisateurs vont par exemple être attirés par les lampadaires, ce qui peut entrainer une mort par épuisement, brulure ou prédation. Si nous avons tous en têtes les papillons de nuits qui tournent autour d’une lampe, l’attraction par la lumière a également été montrée chez les abeilles nocturnes (principalement présentes en Amérique du Sud). En plus de risquer la mort, le temps que ces animaux passent en étant attirés par les lampadaires est autant de temps qu’ils ne passent pas sur les fleurs.
Les lucioles, quant à elles, sont affectées dans le processus de reconnaissance d’un partenaire sexuel, et donc dans la reproduction. Les environnements très lumineux pendant la nuit empêchent les mâles de repérer les femelles.
Tous les animaux ne sont pas attirés par la lumière. Par exemple, certains rongeurs et chauve-souris sont lucifuges (qui fuient la lumière). Une route éclairée peut donc créer une barrière infranchissable pour ces espèces et engendrer une fragmentation de leur habitat. Les problèmes liés à la fragmentation de l’habitat sont nombreux. On peut par exemple citer des difficultés pour trouver un partenaire sexuel, pour trouver de la nourriture variée ou pour nidifier.
Tous ces effets contribuent à la diminution des populations de ces animaux, augmentant ainsi le déclin global de la biodiversité.
Les plantes sont elles aussi affectées par les LAN car ces dernières perturbent leur rythme circadien. Bien que les preuves soient encore maigres, certains scientifiques supposent que des telles perturbations peuvent modifier les traits floraux comme la production de pollen, de nectar ou même d’odeurs, ce qui pourrait réduire leur attractivité pour les pollinisateurs et expliquer les effets négatifs constatés chez les pollinisateurs diurnes.
De plus, les odeurs sont des signaux importants pour les pollinisateurs nocturnes et des études montrent que la pollution de l’air (plus particulièrement les oxydes d’azote) peut aussi perturber l’odorat des papillons de nuit et potentiellement celui des autres insectes nocturnes. On comprend dès lors l’importance de réduire au maximum toutes les sources de pollution.