Dans le cadre de la campagne du Printemps au Naturel, nous avons souhaité proposer un focus biodiversité le long des points d’eau, avec une attention aux pollinisateurs : qu’est-ce que la trame bleue ? En quoi les pollinisateurs sont-ils concernés ?
Pierre-Laurent Zerck, conseiller technique chez Adalia 2.0 et spécialiste des pollinisateurs, fait le point sur le sujet.
Les réseaux écologiques sont au centre de nombreuses discussions. Beaucoup de projets visent à leur préservation et leur restauration en soulignant l’importance de ces réseaux pour la biodiversité et les écosystèmes.
Entre pollution des eaux et assèchement des zones humides, le réseau écologique aquatique (aussi appelé trame bleue) est particulièrement mis à mal. Les pollinisateurs font partie de ce réseau et sont donc directement impactés par la perturbation des milieux humides et aquatiques.
Lorsqu’on évoque la trame bleue, on pense surtout aux poissons. Cependant, de nombreuses autres espèces en font partie, dont les pollinisateurs.
Bien entendu, le lien le plus important avec les pollinisateurs est la présence de plantes spécifiques aux milieux humides, voire aquatiques. Toutefois l’eau ne sert pas qu’à faire pousser des plantes…
Les pollinisateurs sont nombreux : abeilles, guêpes, syrphes, coléoptères, papillons de jour et de nuit… Chacun a des besoins différents, la diversité des milieux sera donc essentielle pour satisfaire au plus grand nombre.
Les pollinisateurs se nourrissent de pollen et de nectar qu’ils trouvent sur les fleurs. La diversité de plantes est donc utile à la fois pour proposer une alimentation riche et variée aux insectes généralistes (bourdons, abeilles sauvages, syrphes) mais aussi, grâce à la présence de plantes spécifiques, pour satisfaire aux besoins des espèces spécialistes (abeilles sauvages, papillons…). Les pollinisateurs ont parfois des particularités physiques qui les limitent dans les plantes qu’ils peuvent visiter. C’est par exemple le cas des syrphes qui ont des langues assez courtes, ce qui les oblige à visiter des fleurs peu profondes comme des Asteraceae (pissenlits), des Rosaceae (reine-des-prés) ou encore des Ranunculaceae (populage des marais).
Les larves n’ont pas forcément la même alimentation que les adultes. Cette différence est notamment rencontrée chez les papillons ou les syrphes.
De nombreux papillons ont besoin d’une plante spécifique, une plante nourricière, qui servira de nourriture à la chenille. Le fadet des laîches, par exemple, pond préférentiellement sur des monocotylédones (Poaceae, Cyperaceae) dont la laîche qui n’offre pourtant pas de nectar au papillon adulte.
Chez les syrphes, de nombreuses espèces sont aphidiphages (i.e. qui se nourrit de pucerons). D’autres espèces ont cependant un lien particulièrement étroit avec l’eau car leurs larves sont aquatiques. Le genre des éristales (e.g. Eristalis tenax) présente cette particularité.
Les conditions de ponte varient en fonction des espèces avec parfois des besoins très particuliers. Le débit de l’eau, sa qualité, son pH ou la présence d’une plante particulière sont autant d’éléments qui peuvent influencer la présence de différentes espèces.
Reine des prés (Filipendula ulmaria)
Cirse maraîcher (Cirsium oleraceum)
Salicaire commune (Lythrum salicaria)
Épiaire des marais (Stachys palustris)
Lysimaque vulgaire (Lysimachia vulgaris)
Angélique sauvages (Angelica sylvestris)
Consoude (Symphytum officinale)
Bistorte (Bistorta officinalis)
Trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata)
Les cours d’eau font partie du patrimoine de la Wallonie. Ruisseaux, rivières, lacs, sont autant de trésors à préserver !
Acteurs communaux, provinciaux, régionau et touristiques, pêcheurs, agriculteurs, associations, riverains, entreprises, organismes d’assainissement, chacun est amené à contribuer à la préservation de cette précieuse ressource.
Les 14 Contrats de rivière de Wallonie ont pour objectif d’organiser la concertation entre les acteurs de l’eau en Wallonie : communes, provinces, service public de Wallonie, mais aussi les acteurs locaux comme les pêcheurs, agriculteurs, associations locales, entreprises, etc. Les équipes des Contrats de rivière dressent un inventaire des dégradations aux cours d’eau sur l’ensemble de la Wallonie (pollutions, déchets, érosions, entraves, rejets d’eaux usées, plantes invasives…) et élaborent avec les acteurs compétents un programme d’actions concerté afin d’y remédier. Les Contrats de rivière œuvrent aussi à mettre en évidence les atouts des rivières (sources de biodiversité exceptionnelle, patrimoine remarquable…)
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